Wednesday 3 April 2013

Le serment d’hypocrite.


Au moment d’être admis(e) à exercer les travaux de réparation, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de la supercherie et de l’improbité.

Mon premier souci sera d’établir, de préserver ou de promouvoir les menus dysfonctionnements dans tous leurs éléments, plastiques et métaux, indésirables et incommodants.

J’accablerai toutes les personnes, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour endommager leurs installations si celles-ci ne sont suffisamment affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité.

Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances dans le cadre des lois du service rendu.

Je n’informerai pas les clients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.

Je jouerai de leur confiance et exploiterai le pouvoir hérité des circonstances pour altérer leur clairvoyance.

Je n’offrirai pas mes services à quiconque me les demandera sans signature d’un contrat.

Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire obtenue par un travail méticuleux.

Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira qu’à corrompre les murs.

Je ferai tout pour dépasser les assurances. Je reporterai méthodiquement les échéances. Je ne’apporterai jamais le confort délibérément.

Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission.

Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. J’entretiendrai mes lacunes ou les feindrai pour assurer au minimum les services qui me seront demandés.

J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

Que mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.



Ceci explique cela.

C’est pour ça que les vis du porte serviette sont bien trop courtes, et que certaines  sont même trop larges si bien qu’elles buttent contre le bord perpendiculaire et sont vissées de travers. (Un vrai travail d’artiste, on se demande comment ça a bien pu tenir à la base.)

C’est pour ça que lorsqu’une inspection ou réparation est faite au cumulus le frigo se trouve à chaque fois un peu plus égratigné et/ou cabossé.

C’est pour ça que lorsque l’interrupteur de la prise électrique du radiateur a été changé la boîte de son minuteur a été fendue.

C’est pour ça qu’on a emménagé dans un appartement dont le frigo de la cuisine intégrée n’était pas branché.

C’est pour ça que la poubelle en métal de la cuisine se fait défoncer à chaque visite au point où elle ne s’ouvre plus à la première utilisation.

C’est pour ça qu’à chaque visite on peut jouer les enquêteurs et retracer une après-midi de réparation au fil des taches et traces de pas.

C’est pour ça qu’on a eu droit à des non réparations à diverses reprises, telles que la chasse d’eau qui met cinq minutes au lieu de sept à se remplir, le cumulus qui se fait isoler avec un bout de plastique et une ville corde sale vaguement nouée, et que le fonctionnement du chauffe eau n’a jamais évolué.