Wednesday, 12 September 2012

Princesses.

Certaines sont allongées et respirent paisiblement, une couronne de fleurs toujours fraîches entremêlée dans les cheveux. Le teint diaphane et les joues roses, elles dorment et leurs mains croisées reposent délicatement sur leur poitrine.
D’autres attendent assises au bord du lit en balançant les pieds, plutôt ennuyées, un peu agacées, surtout impatientes. Au moindre craquement du parquet, elles s’allongent d’un bond et feignent la paisible attitude en gardant un œil curieux entrouvert.
D’autres ont huit ans, un jupon de tulle rose et courent en hurlant et en frappant tous ceux qui passent de leur sceptre à paillettes argenté. Leur diadème s’est perdu dans un buisson en début d’après midi et depuis le goûter, elles aussi espèrent impatiemment. Bientôt on devrait sortir le trampoline.
Il y en a des lascives, qui en attendant sur le lit prennent des poses de pinup et travaillent le pli expert de leur jupe qui révèle si négligemment un mollet des plus gracieux.
Parfois elle sont fatiguées, et auraient préféré perdre leur diadème dans un buisson. Elles aimeraient disparaître dans la foule, se faire simples et légères, laisser filer leurs responsabilités.
À l’opposée, d’autres endossent leur costume avec ardeur et s’y complaisent. Conscientes de leur emprise, elles exploitent leur condition sans la moindre hésitation.
Certaines en place de lit ont choisi une balancelle au pied des peupliers, qu’éclaire un soleil scintillant entre les feuilles. Elles se nourrissent de l’harmonie de la nature et ont depuis longtemps oublié la raison de leur attente.

À l’infini peut-elle différer, en chaque femme demeure toujours une princesse.

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