Ce
midi il faisait un sale temps d’automne, du genre qui fait grimacer au
premier pas dehors. Tout était sombre, détrempé par une vilaine bruine
et la lumière terne écrasait les reliefs. À la sortie du rond point la
rue disparaissait dans le brouillard. Le temps semblait figé dans une
allégorie de l’ennui le plus rébarbatif.
Je
déteste la bruine. La bruine est une mièvrerie météorologique dont
l’insignifiance n’a d’égal que sa perfidie. Elle se venge de son manque
de grandeur par une ténacité maligne et finira toujours par vous
arracher un frisson.
Derrière
moi, un collègue a résumé ça en : «It’s like being in a cloud». C’est
comme être dans un nuage. Ça m’a rappelé un souvenir…
1992,
Saulxures-lès-Nancy, école Maurice Barrès. CM2, classe de Madame Kling.
Pour un exercice, la maîtresse nous avait rassemblés en groupes de
trois ou quatre et nous devions répondre ensemble à une question. Je me
souviens avoir pris la direction du groupe, organisé la discussion et
choisi les réponses à lire au tableau à la fin.
La
question était quelque chose du genre : «Quel est le meilleur moyen de
transport : l’avion ou le train ?». Je n’avais jamais pris l’avion mais
le trouvais plus intéressant parce qu’on «pouvait toucher les nuages».
Entre autres. J’ai oublié le reste de la réponse mais cette phrase est
restée gravée dans ma mémoire, en laissant des marques suffisamment douloureuses pour
ne pas se laisser oublier. En entendant les autres répondre, j’ai
compris le but de l’exercice : comparer la vitesse ou la praticité, pour
nous introduire à l’exercice de l’argumentation. Et moi… Moi j’avais
joué les petits chefs comme une bonne première de la classe qui sait
mieux que les autres, et avait imposé mon romantisme pitoyable et hors
de propos. Personne ne m’en a rien dit je crois, ni la maîtresse ni les
autres élèves, mais ma propre honte me donne encore envie de me cacher
après plus de vingt ans.
Cette
accablante sensation de ridicule m’aura cependant permis de me souvenir
de ce que c’est qu’un nuage quand on a 10 ans. Une glace à l’italienne,
une couette grande comme une maison, la douceur d’un chartreux, le
câlin d’un chamallow. Le nuage d’un adulte c’est un horrible frisson
humide, perçant, et teinté de déprime.
Je
préfère la version bisounours, celle où on peut aussi y apercevoir la
maison du père Noël un jour en Août sur la route des vacances.
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ReplyDeleteEh oui, ça sert à ça les amis (et aussi à te signaler quand ta coupe de cheveux est ratée) !
Bon courage... et pourquoi il n'y a pas de message aujourd'hui ?
Par jour ??
ReplyDeleteFaut pas exagérer, par semaine c'est déjà difficile.
Comment tu sais que je me suis coupé les cheveux ce week end?!