Thursday 5 July 2012

Moins par moins.

Mardi soir, 18 h 08. Ce soir, pas d’heures sup, ils partaient à l’heure et pour une fois ensemble. C’était rarement le cas, parce que le matin elle passait toujours trop de temps à se maquiller, et le soir elle finissait toujours juste ça vite fait en cinq minutes ou quinze. Mais ce soir pour une fois ils enfourchaient leurs vélo en même temps.
À travers Midsummer Common et aux feux rouges, ils (et surtout elle) bavardent un peu et commentent la journée. À deux rues de la maison, elle réalise soudain et en râlant que ses plans élaborés le matin lui étaient sortis de l’esprit. Elle avait prévu de passer au supermarché sur le retour, il lui fallait une écumoire et quelques oignons pour préparer knepflas et filets de poulet au cidre et à la moutarde (avec des oignons) le lendemain soir. Une fois par semaine c’était échange culinaire avec des copains-collègues et ce mercredi c’était son tour à elle de cuisiner.
La fatigue lui tombait souvent dessus sur le trajet —pourtant court— entre leur lieu de travail et la maison. Passée la porte du bâtiment, le premier pas dehors et sa bouffée d’air frais étaient toujours une régénérescence après une journée passée au milieu des ordis et sous l’air conditionné. Sauf les jours de pluie. Ceci dit et contre toute attente, il ne pleut pas tant que ça à Cambridge. Ils arrivaient détrempés à la maison environ trois fois par an, une moyenne somme toute fort raisonnable. Quoi qu’il en soit, elle ne s’expliquait pas bien comment après un départ si positif la fatigue l’engluait rapidement sur le retour, si bien qu’elle arrivait en général avec pour seule envie de se vautrer lamentablement.
Là, à deux rues de la maison donc, elle était bien avancée sur la courbe d’engluement et tout en sachant qu’il ne s’agissait pas du choix le plus raisonnable elle décida d’abandonner le détour par le supermarché. La flemme, elle irait demain soir. Mais en une rue il sût la convaincre: après tout la zone commerciale se trouvait à deux pas et elle n’aurait pas le temps de tout faire le lendemain. En plus, il s’occuperait du repas du soir pendant ce temps. Elle pris donc à gauche juste avant d’entrer leur rue, direction Tesco. Premier mini rond point, deuxième, passage piéton, un bout de Newmarket road et voilà, déjà arrivée. Ça ne demandait effectivement pas un gros effort.
Elle saute de son vélo, le pose contre la barre, sort les clefs de sa poche, et jure. Quelle cruche. Elle avait dû changer sa chambre à air ce midi, et avait détaché son antivol du guidon. S’ils étaient partis ensemble ce soir, c’est parce qu’évidemment elle avait laissé l’antivol dans le jardin et qu’ils avaient dû attacher leurs deux vélos l’un à l’autre.
En finissant de grogner, elle enfourchât à nouveau son vélo. Remonter le long du parking, un bout de Newmarket road, à gauche juste avant le feu piéton, à droite au mini rond point, à gauche au second puis à droite dans Geldart street. Heureusement que tout ça prenait cinq minutes. En arrivant derrière la haute palissade en bois qui caractérise la plupart des jardins anglais elle eu la surprise de l’entendre bavarder au téléphone de l’autre côté, dans le jardin. Ah oui tiens, c’est vrai qu’en partant ce soir il avait oublié ses clefs sur son bureau; puisqu’ils rentraient ensemble et qu’elle avait les siennes il n’était pas remonté les chercher, à quoi bon?
Il y a des jours comme ça… Par chance quand tout le monde a des jours comme ça il arrive qu’au final ça se termine plutôt bien.

2 comments:

  1. oups, désolée j'ai oublié de publier hier !

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  2. Tes lecteurs t'en veulent tellement ! Si tu savais !

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